Day 1
Voila la première journée des Rencontres Cinématographiques de Dijon.
Rencontre twittée à l’aide du tag #dijon ou le mien #dijon #cinema.
Si je devais résumer les échanges, c’était plutôt vif et intéressant. Les maîtres mots des premiers conférenciers étaient la régulation du net, tout du moins une tentative de sauver un secteur de métier un peu perdu et qui tente de s’accrocher à tout ce qu’il peut (malheureusement).
Je ne leur jetterai pas la pierre, les modifications actuelles des modèles de consommations de produits culturelles ont pas mal changés, tout le monde marche donc à l’aveuglette (accroché à un aveugle).
Au départ, on sent une sorte de « force obscure » où Google et Samsung semblent être dans un traquenard (« it’s a trap effect »): Les deux intervenants étaient pratiquement accusés de tous les problèmes liés aux piratages.
La deuxième partie du débat était sur les exclusivités.
Comme je l’avais annoncé, Canal+ était pour. Mais pour l’instant des personnes dans la salle, la réponse laissait fortement supposé que Canal+ était favorable mais que pour lui même. Ce qui a généré quelques réflexions twitteresques de personnes présentes dans la salle.
On ne manquera pas d’ajouter que la chronologie des médias est très importante aussi pour eux, au point qu’elle créée de la valeur à l’œuvre (la rareté dans une œuvre « matériel », je veux bien, dans l’ « immatériel », j’ai plus de doute). La phrase est contrebalancée sur le fait qu’une œuvre trop protégée perd aussi de la valeur, l’honneur est presque sauf.
A priori, dixit toujours Canal+, les coûts de production augmentent, ce qui influence considérablement sa diffusion pour le grand public.
Bizarrement, personne n’évoquera le fait que les pirates, eux, n’ont pas de chronologie des médias, et qu’un film pirate sort sur Internet en même temps qu’en salle… voire plus tôt.
Nous avons eu le droit aussi à l’intervention d’Alain Rocca, PDG d’UniversCiné (site de VOD cinéma indépendant).
On fait de 30.000 à 40.000 ventes par mois, même avec des films roumains non sous-titrés
Ca donne de l’espoir dans la VOD alors :)
Cependant, je dois avouer être assez dubitatif sur Alain Rocca: Il est pour l’exclusivité et pour les MG (enfin je crois, c’était dur parfois de le suivre). Bizarre pour une personne qui doit justement payer des MG afin d’acquérir un catalogue (d’oeuvres cinématographiques).
Pascal Rogard, de la SACD, en a profité pour le tacler par le biais de twitter avec un magnifique: « Alain Rocca et un grand merci au CNC et au MAE qui subventionnent. ».
Je vais terminer sur UniversCiné en citant Alain Rocca lui-même:
J’ai cru qu’on pouvait faire avec les FAI comme on a fait avec Canal+. Mais ce n’est pas possible, en revanche, on peut faire autrement. J’ai d’ailleurs trouvé la bonne solution avec Free, c’est amusant, c’est le mauvaise élève, alors qu’avec Neuf, on en restait à des histoires de corner
Ce qui me dérange avec ces positionnements pour l’exclusivité, c’est qu’on oublie très rapidement que l’exclusivité pour nous-même est toujours bénéfique, mais quand c’est le concurrent qui possède celle d’une grande partie de catalogue, cela devient plus dramatique. J’attends (en cauchemar bien entendu) qu’Apple passe des accords d’exclusivités avec les grands studios hollywoodiens.
Comme disait Rodolphe Belmer (Directeur Général du groupe Canal+) à Google la dernière fois: « J’ai un steak dans mon assiette, je le partage pas ». Ce que je trouve réellement très drôle, j’imagine bien la scène entre les deux :)
Dans l’ensemble, les positions de Rodolphe Belmer se tiennent. Canal+ investit énormément dans la production audiovisuelle. Les exclusivités et la chronologie des médias leurs assurent un avenir sur une production où ils ont dû placer énormément d’argent (que ce soit en pré-vente ou bien en finançant le film en amont). Dixit lui-même la sortie en salle, puis en VOD et après sur Canal+ leurs permettent d’avoir plusieurs lignes de revenues.
Enfin, l’excès d’exclusivité est une mauvaise chose, finit par conclure ce dernier. Je ne suis pas parvenu à saisir comment M. Belmer définissait exactement l’excès d’exclusivité. Est-ce la mainmise de plusieurs exclusivités par un seul acteur (exemple du cas Apple ci-dessus) ou bien est-ce l’exclusivité placée dans un coffre fort ou privation de certaines voies de diffusion. A priori, si j’ai bien tout saisi, Rodolphe Belmer, c’est de la dernière dont il s’agit. Il n’est pas favorable à une restriction de la diffusion (par exemple uniquement sur une chaîne payante et rien de plus) car, je le cite, « l’exclusivité, cela veut aussi dire malheureusement exclusion« .
Auprès des diffuseurs, notons la présente de SFR. Ces derniers sont assurément contre l’exclusivité. Dixit eux-même:
Notre offre est une offre d’abondance et non d’exclusivité. Notre objectif: acteur de confiance
Ce qui semble être aux antipodes des positions de Canal+. Petit rappel: SFR et Canal+ appartiennent au même groupe Vivendi Universal.
SFR semble faire un mea-culpa seul: « Les FAI sont prêts à assumer une responsabilité dans le piratage ». A voir si Free est d’accord avec cette conclusion.
Nous pouvons aussi citer Dailymotion, qui, comme chaque année (dixit un convive habitué) sert de punching ball lors des conférences. De ce que j’ai pu comprendre, Dailymotion semble être désigné d’office comme un petit méchant qui souhaite diffuser du contenu des oeuvres librement-gratuitement et se rémunérer grâce à sa régie publicitaire.
Martin Rogard, Directeur des contenus France en 2007 et maintenant Directeur General de Dailymotion, a donc une réponse assez brève et direct:
Nous ne contribuons pas à la production française tout simplement parce que Dailymotion ne fait pas dans la VOD [...] si nous commençons une offre de films sur Dailymotion, il est possible que ce ne soit pas en France. L’environnement légal nous parait trop complexe. Si Dailymotion veut être disruptif, ce ne sera pas en France, car les conditions ne sont pas reunies
Jeu, set et match.
On peut noter donc que pour développer une offre légale, Dailymotion – qui n’est pas un petit et dont le réseau est loin d’être réduit – serait obligé de le faire dans un autre pays. C’est particulièrement inquiétant.
On peut regretter que l’ensemble des protagonistes est une très mauvaise image d’Internet, surtout de nombreux créateurs présent. Et ne parlons pas de l’image des FAI qui sont considérés comme des pilleurs d’œuvres.
Ainsi, Frédéric Sitterlé, PDG de MySkreen, tentait de faire comprendre à tous que si les choses continuaient de la sorte, c’était les pirates qui feraient le boulot de tous ici présent.
L’exclusivité n’existe plus, l’utilisateur veut le voir, et si ce n’est pas vous, ce sont les pirates qui le feront
J’ai trouvé cela très pertinent et courageux d’oser le dire devant les invités de l’ARP
En parlant de Frédéric justement: Je crois que le plus drôle dans le monde du numérique, c’est de constater que certains protagonistes ou associés répondaient ou commentaient l’ensemble sur Twitter. Ainsi Frédéric Sitterlé me répondait amicalement depuis la scène à ma petite touche humoristique twitterienne sur le fait que MySkreen ressemblait à un Kelkoo. « Oui, mais pas que :) »
De même, Manuel Alduy (Dir. acquisitions cinéma français du groupe CANAL+) me confirmait que les studios US n’attendaient que la suppression ou des exceptions de la chronologie des médias et « et qu’on gérera très mal le contournement étranger ».
Dans un monde globalisé, le zonage (territorialisation, ou zone géographique de diffusion) devient de plus en plus difficile. Un contenu à l’autre bout de la planète est rapidement disponible sur le territoire français (ou inversement).
En conclusion de ce débat, Martin Rogard (DM) a eu ce twit amusant:
Conclusion du débat : on ne change rien, chacun reste chez soi
La suite de la soirée se passait au lieu dit « Le Palais des Ducs », que je ne connaissais pas, et qui « déchire bien sa maman » (désolé). Accueilli par la police, je dois avouer avoir mal compris la dualité entre les problèmes évoqués dans la journée et le fait de manger dans un endroit aussi prestigieux.
Durant la soirée, une grande discussion a démarré entre l’ARP et moi-même sur les problèmes actuelles de distribution, de piratage, de financement, de loi HADOPI, etc… Une discussion franche et qui m’a apporté beaucoup de réponse sur la vision qu’ont les ayant-droits sur les situations actuelles.
Pour détendre l’atmosphère, j’ai lancé le défi Rogard: « Pas cap que Martin chante la danse des canards ». Celui-ci a répondu présent par un laconique: « ok dans moins de deux heures à l’hôtel particulier« . Malheureusement, nous n’aurons jamais eu le droit à cette magnifique chanson.
Fin de soirée, tout le monde rentre… Moi y compris. Demain, c’est la deuxième journée des rencontres et elle portera sur le cinéma numérique. Grand thème très intéressant ou j’imaginais déjà les débats à base de « le numérique c’est mal mais on est obligé d’y passer », « les tiers-investisseurs ce sont des méchants », « le CNC c’est trop notre copain »… et bien j’étais pas loin :)
Note:
La suite des journéees, c’est pour bientôt, le temps de compiler les discussions et d’écrire l’article.
Note (d’humour):
Frédéric Sitterlé, PDG-fondateur de mySkreen, a proposé à l’assemblée d’inviter l’année prochaine les gens d’Allostream et de Megaupload. Je sens déjà les gros titres de l’AFP :)
Note:
A priori, jeudi soir, c’était la soirée Canal+ à Dijon et c’était « à la Canal » (traduction: Tout le monde devait être déchiré :)
Day 2
La nuit a été rude, obligé de partir tard et d’arriver tôt, les débats débutaient dès 9h30 ce samedi.
Ce matin, nous avions le droit au débat sur les enjeux du cinéma numérique. Un sujet très intéressant.
La modification du paysage cinématographique par le biais du cinéma numérique chamboule pas mal les habitudes de toute la filière. Les laboratoires se positionnent, la distribution change ses habitudes (bobine 35mm versus disque dur ou réseau), l’exploitation s’adapte, et le spectateur ne voit pas la différence (ce qui est finalement dommage).
Le débat commence donc avec les contenus alternatifs.
Jean-Pierre DECRETTE, Directeur du développement France d’Europalaces (Gaumont-Pathé pour les intimes) évoque ses programmations d’Opéra en live. La multitude de nouvelles oeuvres est devenue – étrangement – un problème pour la filière. Les exploitants ne savent plus quoi programmer et les distributeurs – qui ont trop d’oeuvres – ne savent plus où les placer.
Ainsi, un des intervenants a eu cette constatation simple mais révélatrice: « On ne déprogramme pas [une oeuvre] on ne la programme pas, ce qui est une énorme nuance »
Selon Vincent GRIMOND, Président de Wild Bunch Distribution, l’un des distributeurs présents et aussi présent dans la production (Largo Winch), il y a trop de film présent sur le marché, et malheureusement pas assez d’écran pour tous. Il arrive donc que – par moment – cela soit « la foire à l’empoigne, même avec des gens que nous connaissons depuis des années »
Pierre Jolivet, président de l’ARP évoque plus de 200 films présent chaque année sur le marché. En moyenne 17 films sortent par semaine en France:
Comment il peut avoir du désir sur une dizaine de film; si on en fait moins, y’aurait moins de cadavre. Le cinéma américain nous exporte énormement de film
Pour ce manque de place en salle, Wildbunch a testé la VOD des films non-projetés (le surplus en gros):
4 millions de dollars de VOD, c’était un succès; on a essayé avec d’autres, c’était un peu moins
Et d’évoquer un problème très présent avec les exploitants: quand un distributeur s’essaye à un modèle de diffusion alternatif: les exploitants n’aiment vraiment et le font savoir: « On s’est fait allumer par les exploitants ». Mais ce dernier propose plus de flexibilité, car au final « personne ne va mettre en danger la fenêtre de canal+ » et qu’il existe d’autres voies pour la diffusion. Applaudissement dans la salle, à mon grand étonnement.
Mais tous semble être d’accord sur un principe: La salle de cinéma ne doit pas devenir un écran de télévision géant.
Comme je le disais au début, les spectateurs – en règle général – ne voient pas la différence entre du 35mm (le premier jour) et du numérique.
Richard PATRY, co-président de la fédération nationale des cinémas français (FNCF) semble être du même avis. Pour la majorité des gens, le numérique et la qualité n’ont que peu d’importance, le spectateur vient voir une oeuvre avant tout. Ce qui est, me semble, une bonne chose.
Pour la FNCF, le numérique ne va pas amener plus de spectateurs.
En discutant avec une projectionniste récemment, c’est une constatation: un projecteur 35mm ou numérique mal réglé, une projection bancale – dans une certaine limite – le spectateur ne voit pas les défauts.
Comme je l’imaginais, on en vient assez rapidement sur les fonds de soutien et les tiers investisseurs. Je ne m’étonne pas d’entendre que les tiers investisseurs sont des dangers pour le cinéma. Que les distributeurs vont devoir payer jusqu’à « la mort » ce passage au numérique. Wildbunch précise qu’ils vérifieront l’argent utilisé pour le passage au numérique.
On va vérifier qu’on va pas payer pour des choses dont on a pas la jouissance
Cette crainte du tiers est aussi évoqué par Olivier WOTLING, Directeur du Cinéma du CNC
Le premier risque, c’est le levier d’un placement du film suivant le financement pour l’équipement numérique
Traduit en langage profane: l’ensemble des acteurs ont peur que plus la part de contribution (VPF) est grande, plus certains types de films seront projetés dans les salles de cinéma. Autrement dit, les tiers investisseurs et/ou les distributeurs peuvent se mettre d’accord pour pousser tel ou tels films suivant le montant du VPF accordé aux premiers.
Le CNC évoquera par ailleurs une aide pour les masters numériques et pour la post-production 3D. Dont le financement – si j’ai bien tout compris – sera effectué à l’aide des films 3D (mais je peux me tromper, je doute que le fond soit si conséquent dans ce cas)

Pour en revenir aux contenus alternatifs, ces derniers ne feront pas exception au financement pour le passage au cinéma numérique. Bizarrement, le CNC est contre ce type de contenu, et c’est notamment pour cela qu’il prévoit de distribuer moins de fond aux cinémas utilisant les contenus alternatifs.
Ainsi le CNC conclu par un cinglant:
Le CNC ne soutiendra pas – avec la TSA – les salles de cinéma, si l’exploitant effectuent des séances alternatives. [...] Les exploitants n’auront pas de TSA lors de programmation hors-films. Les établissements doivent s’engager sur des films européens
Cette conclusion est très intéressante. Les tiers-investisseurs sont mis en porte-à-faux depuis leurs débuts par une crainte de manipulation de la programmation des salles (manipulations qui n’existent pas, au passage). Mais on remarque que le CNC souhaite pousser les exploitants a programmer certains types de contenu, selon le bon vouloir du CNC. Je trouve cela plus que contradictoire.
Le CNC continua sur sa proposition de fond de soutien, qui a été invalidé par le Conseil de la concurrence. C’est ainsi que Jack Ralite, député communiste, largement défavorable aux tiers-investisseurs privés, dénonça la décision du Conseil.
Pour résumer, le conseil de la concurrence a retoqué le CNC car « l’intervention directe du régulateur sectoriel (NDLA: le CNC donc) est de nature à créer d’importantes distorsions de concurrence, voire à éliminer toute concurrence sur le marché du financement du cinéma numérique ».
Traduction: le CNC utiliserait des fonds semi-publics et éradiquerait la concurrence privée qui fait déjà ce travail depuis un moment déjà.
Enfin Jack Ralite évoqua ces derniers comme des poids lourds. Poids lourds de quoi ? nous ne le saurons jamais.
Je remarque qu’en 2 ans, cette crainte ne s’estompe pas. Je pensais que le débat serait uniquement basé sur le constat suivant: « tous contre les tiers ». Mais finalement, quelques personnes tempérèrent tout ceci.
A commencer par quelques exploitants:
Depuis que je travaille avec les tiers, je n’ai jamais eu un seul problème et je n’ai jamais eu de [ mise en avant de films plus que d'autres ]
(Le passage entre crochets, c’est un résumé entre les différents intervenants)
La FNCF vint à l’aide des tiers en évoquant sa propre expérience:
J’ai signé avec un tiers investisseurs et pas de gaité de coeur, vous pouvez me croire. Mais il faut l’avouer, je n’ai pas eu de problème et [..] une facilité pour l’obtention des fonds de soutien. Ce que j’en constate, c’est que non, les tiers ne font pas d’influence.
Que la FNCF le dise enfin en public est un grand pas.
Et Gaumont-Pathé de rajouter alors « Grâce aux tiers, le passage au numérique s’est déroulé rapidement ». Pourtant, ces derniers n’ont jamais fait appel à un tiers pour son passage au numérique. Cette prise de position est donc très importante.
Un des exploitants de conclure par un magnifique
Ymagis [NDLA: un tiers-investisseurs] n’a pas d’influence sur notre programmation
Dernier et rapide sujet, on apprend que Gaumont-Pathé prépare son passage aux projecteurs 4K, malgré un parc en 2K déjà installé et informe que 29% du parc total (Gaumont-Pathé et les autres donc) est déjà passé au numérique. Que le choix des lunettes 3D passive chez eux est principalement pour des raisons de coûts et d’hygiène. La FNCF évoque un déplacement plus facile pour les lunettes actives.
Fin de la matinée, il est l’heure de manger, la conférence de l’après-midi sera moins intéressante… ou peut-être pas…

Début d’après-midi, il fait beau, il fait chaud et nous remarquons que les conférences se vident de plus en plus. Même les derniers bloggueurs/twitters désertent.
Pourtant, cette conférence, menée par Pascal Rogard de la SACD, va être plus ou moins intéressante, vu les perles qui vont y sortir. La conférence se nomme « Quel renouveau pour les politiques ». Tout un programme.
On y apprend par le biais de David Kessler, socialiste et conseiller à la culture à la mairie de Paris, que la gauche souhaite supprimer loi HADOPI dès que possible. Flottement dans le public … Puis ce dernier se ravise « La gauche comme la droite divisé pour la loi HADOPI » et enfin « c’est pas une priorité [pour le parti socialiste]« . Et de conclure (avant de se faire lyncher) « On se retrouve dans quelques années pour faire un bilan sur cette loi »
On a donc une position ambiguë entre David Kessler et Christian Paul, député socialiste présent durant les débats de la loi HADOPI.
Rapidement le débat se précise sur les gros méchants: les fournisseurs d’accès à Internet. Pour la plupart des intervenants, ces derniers ont tout fait pour remplir leurs tuyaux avec du contenu piraté. Pour eux, cela ne fait aucun doute, les fournisseurs devront payer; Et ce sont eux qui seront les principaux financiers pour le cinéma dans le futur.
Bizaremment, Pascal Rogard a modéré ces idées de financement par le fait que les jeunes à la tribune sont présent en nombre (je suppose qu’il évoque Dailymotion, myskreen, etc..) et qu’il ne faudrait pas que les anciens (sic) les regardent essentiellement comme des financiers futurs.
Et il ne faudra pas compter non plus sur le secteur public. David Kessler tente une danse subtile pour faire comprendre à l’assemblée que les deniers publics seront utilisés pour des choses plus importants que la fabrication de film. Le réalisateur Bertrand Tavernier le regarde avec un drôle d’air.
David Kessler se voit alors contraint de préciser sa pensée. Devant ce charabia de novlangue, lire entre les lignes est compliqué, mais il est relativement facile de comprendre que l’argent public va servir avant tout à des secteurs plus vitaux que le cinéma. Ce que me semble de pur bon sens.
Face à une réalité complexe [..] il faut réfléchir à des priorités culturelles
Traduction: On a plus de sous, lâchez-nous !

Pierre Jolivet, président de l’ARP évoque alors des aspects politiques et lance un frappant « C’est une posture politique, c’est à nous de leur faire prendre cette posture ». Cette phrase est assez rude. Elle semble supposer que le lobbying risque de s’intensifier, au grand dame de la démocratie. J’espère me tromper.
Pour la direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC), 200 millions d’euros par an sont investis pour la presse écrite. Et que par conséquence, il faut réfléchir à des moyens de financement innovants pour le cinéma. (Ce qui serait pertinent si tous les acteurs ne refusaient pas à chaque fois de jouer le jeu). Et de rajouter un « Le monde de l’immatériel ne doit pas être déréguler« . Un souffle de régularité du net apparaît. Pour cela, toujours selon le DGMIC, le SMAD semble être un texte approprié afin de trouver un point d’équilibre entre financement et neutralité du net. A voir où le curseur va se positionner.
Pascal Rogard rajoute une question sur la table: « Pour l’accès à la culture à tous, est-ce que les nouvelles technologies n’aideraient pas ? ». Pertinent. Mais pratiquement personne n’attrapera cette perche pour évoquer les nouveaux moyens de diffusions.
La partie la plus troublante de ce débat viendra du Maire de Dijon, François Rebsamen, socialiste. Ce dernier nous informe que les collectivités locales dépensent 9 Milliards par an pour la culture. Mais rapidement, celui-ci déborde et rappelle son « ouverture » à la loi HADOPI et n’hésite pas à le dire.
J’étais favorable à la loi hadopi et Christian Paul ne parle qu’en son nom. Il n’y aura pas de suppression de la loi, les propos de Christian paul ne sont qu’électoraliste et jeunisme. Je suis absolument opposé a la proposition de Christian Paul qui est de toute façon minoritaire dans notre région
La salle l’applaudit. Ce n’est guère étonnant.

Ce qui me dérange dans ce que vient de dire ce dernier, c’est qu’ils s’adressent à des convaincus. Autrement dit, François Redsamen fait de la lèche. Et cela se sentait et en devenait gênant. Ces propos envers Christian Paul sont tout aussi électoraliste et purement inadaptés au débat.
Le débat se finira ainsi, malheureusement. Les rencontres de même. Tout le monde est aux petits fours et aux champagnes et dans quelques heures, le train loué pour l’occasion par l’ARP repartira de Dijon pour Paris.
A l’année prochaine. En espérant que les choses changent, que les esprits se seront apaisés. Et que les invitations des représentants d’Allostream et de Megaupload arrivent à bon port :)
De mon point de vue, il existe une véritable séparation entre plusieurs acteurs. Les propos de SFR m’ont rassurés, ceux de Canal+ un peu moins. Certains veulent de vrais changements, comme WildBunch, la FNCF et Gaumont-Pathé (et bien d’autres heureusement). Les discussions que j’ai pu avoir avec l’ARP était très intéressantes et elles m’aideront fortement pour la suite.
La solution est pourtant simple. Mais personne ne semble vouloir l’accepter …